Tracy Sayag, invitée de Drop Le Mic #5

Drop le Mic est une émission qui salue tous les talents. L’émission du 20 janvier 2021 a reçu Tracy Cohen – Sayag, une entrepreneuse aux mille facettes qui dirige la Clinique des Champs-Elysées.

Tracy est-ce que tu peux nous parler de ton parcours ?

J’ai fait mes études à l’Université Paris – Dauphine avec une spécialité en finances. J’ai effectué des stages à la Société Générale en salle de marché pendant trois étés d’affilée. J’ai ensuite décidé de me spécialiser en finance d’entreprise et j’ai travaillé un an à la Banque Rothschild dans le département « Fusions et Acquisitions ».

Au moment de signer mon contrat chez Rothschild, mon père m’a demandé de le rejoindre à la Clinique des Champs-Elysées pour lui donner un coup de main. Il venait de se séparer de ses anciens associés et l’entreprise était en difficulté.

Au départ, je ne m’étais pas projetée à long terme dans cette aventure. J’avais reporté la signature de mon contrat chez Rothschild, j’avais négocié un aller – retour d’un an. Je m’étais dit : « Je viens pendant six mois, je vois si j’arrive à comprendre ce qui se passe, comment je peux aider. Et puis je retourne continuer tranquillement mon parcours en banque. »

J’étais très loin d’imaginer que l’esthétique deviendrait une passion et la Clinique une partie de moi !

Tu n’es pas médecin, est-ce un handicap pour gérer un tel business ?

Mon père est médecin et il était associé avec d’autres médecins. Et sa clinique était au bord de la faillite. Force est de constater que le fait d’être médecin dans la supervision, dans la gestion et le management d’une grosse clinique comme celle-là, ce n’était pas forcément idéal. L’objectif quand je suis arrivée, c’était d’apporter quelque chose de complémentaire avec une vision complètement différente et novatrice.

Est-ce qu’on peut dire que tu as sauvé la Clinique des Champs-Elysées ?

Je pense vraiment que la force de la clinique aujourd’hui, c’est le duo que je fais avec mon père. Mais c’est évident que la clinique telle qu’elle est aujourd’hui n’existerait pas sans moi. Le renouveau de la Clinique des Champs6elysées est lié au développement de la marque que j’ai créée et qui est très liée à ce que j’ai envie de véhiculer, qui correspond jusqu’à un certain point à mon image.

Quelle différence entre la clinique des Champs-Elysées et une autre clinique ?

Ce qui fait notre force, c’est le conseil et l’accompagnement des patients avec une équipe de coachs esthétiques dédiés. Les patients qui viennent nous voir font confiance à la marque « Clinique des Champs-Elysées ». En fonction de ce qu’ils souhaitent faire, on peut les orienter.

En chirurgie esthétique, un patient qui vient pour une rhinoplastie par exemple va pouvoir consulter les trois chirurgiens spécialisés dans cette opération. Nos coachs esthétiques s’occupent de tout le parcours du patient, depuis la consultation jusqu’au suivi post-opératoire. Elles nouent un vrai lien avec les patients quel que soit le chirurgien qui va les opérer.

En chirurgie esthétique, il y a environ 5000 opérations par an. Mais ce qui démocratise et se développe, c’est la médecine esthétique. Et là on est à 7000 actes par mois ! Ce dont tout le monde parle, c’est tout ce qui est non invasif. Ça va être une injection de botox, une greffe de cheveux, une cryolipolyse pour l’excès de graisse sur le ventre, l’épilation laser, un laser, la radiofréquence ou les ultrasons pour la cellulite, les taches, les vergetures, muscler le ventre, no limit !

J’ai sur mon bureau une dizaine de propositions de nouvelles machines en médecine esthétique. On va procéder à des études scientifiques pendant les six prochains mois et, sur les 10 machines, je vais en retenir deux qui vont remplacer des appareils avec lesquels on avait déjà de très bons résultats mais on va pouvoir encore aller plus loin. C’est ça qui est génial, c’est une industrie qui investit des milliards en recherche et développement parce que c’est un secteur qui se développe à une vitesse exponentielle !

Est-ce que je me trompe en disant que vous êtes la clinique des peoples ?

Dans le lot de 7000 actes par mois en médecine esthétique, il y a 1% de d’influenceurs ou de vedettes de téléréalité très médiatisés. Ces patients font très attention à leur image et recourent à des soins qui nécessitent de venir régulièrement chez nous. Forcément, ça multiplie le nombre de partages sur les réseaux sociaux. En permanence on a 3 à 5 patients par jour qui postent sur les réseaux. Donc, c’est vrai qu’on va souvent nous retrouver en ligne et c’est pour ça qu’on a cette connotation de clinique des peoples.

Vous avez beaucoup de patients qui veulent ressembler à un filtre Snapchat ou Instagram ?

Ils ne nous demandent pas forcément les filtres mais c’est vrai qu’on a souvent des patients qui viennent avec des objectifs qui ne sont pas atteignables.

On ne peut pas être filtré sans filtre ! Et quand on se voit tout le temps avec des filtres, on perd le contact avec la réalité. Moi c’est un truc que je ne fais pas, je ne mets pas de filtre même quand j’ai une sale tête. A la limite, je ne poste pas mais si je poste il faut accepter d’avoir des imperfections sur le visage parce que c’est normal d’en avoir.

Ça fait 10 ans que je suis à la clinique, je n’ai jamais fait une injection. Je ne suis pas une obsédée de la perfection. J’ai les dents qui ne sont pas alignées et on me fait tout le temps la réflexion : « Pourquoi tu n’alignes pas tes dents ? Pourquoi tu ne fais pas Invisalign ? ». Je fais attention à mon image, je mange sainement mais je ne suis pas obsédée par mon physique.

Est-ce que ça t’est arrivé de recevoir un patient qui voulait passer sous bistouri et de refuser ?

C’est le rôle du chirurgien de refuser de faire une opération. Ils sont d’ailleurs formés à identifier les besoins et à récuser les patients qui ont des demandes exagérées.

On n’est pas là pour juger, c’est quelque chose que j’ai compris avec le temps. Au début quand on venait me demander conseil, j’avais tendance à être trop dans le jugement parce que je déteste l’excès. Les grosses lèvres, les gros seins, les grosses fesses, ce n’est pas mon truc ! Je disais à mes copines : « Pourquoi ? C’est affreux ! tu n’as pas besoin ! » mais j’ai appris à prendre sur moi et à ne plus être dans le jugement.

Ce qui compte, c’est que le patient ait une demande qui soit claire et réalisable. Si le patient se sent mieux après, si ça lui apporte un bénéfice dans sa vie personnelle, dans sa vie professionnelle, c’est l’essentiel.

Mais si la demande n’est pas réalisable, les risques ne sont pas les même en chirurgie et en médecine. En chirurgie, l’intervention est irréversible et peut même avoir des conséquences dangereuses à long terme. En moyenne les chirurgiens qui voient 10 patients en consultation en récusent la moitié. En médecine, au bout de 6 mois à 1 an, on revient à 100% comme on était avant. On veut se faire plaisir, on veut tester quelque chose, ça ne nous plaît pas ? On ne refait pas ! Il n’y a pas de risques à part le budget !

Est-ce que tu as une anecdote un peu insolite à nous raconter ?

Des demandes insolites, j’en ai des centaines mais nous sommes tenus par le secret médical. Il y a plein de choses qu’on ne peut pas dire. Le truc le plus fou que j’ai pu voir, c’est une patiente qui est venue avec une photo de son chien et qui a demandé au chirurgien de pouvoir lui ressembler. Bien évidemment, le chirurgien l’a orientée vers un psychologue et lui a conseillé de revenir dans quelques années.

Mais franchement, on serait étonné, les patients ont la tête sur les épaules. Ils savent ce qu’ils veulent, de quoi ils parlent. Ils ont tout lu sur internet, ils ont vu des vidéos, des « lives Snapchat » de chirurgiens qui opèrent en direct, etc., etc.

On va revenir sur ton actu : Une clinique à Paris et une autre à Lille.

Suite à l’explosion de la demande en médecine esthétique, on a eu des demandes de patients dans toute la France : « J’aimerais vraiment venir chez vous pour une épilation laser ou une injection. Mais prendre un billet de train et venir sur Paris pour acte à refaire régulièrement et qui durent 20 minutes, ça reviendrait trop cher. »

Comme on commençait aussi à être en saturation sur la clinique parisienne, je me suis dit qu’il était temps que je revienne à mon métier de base, le développement de la marque, d’autant plus que le marché français est très en retard par rapport à tous les autres marchés européens. Pour vous donner une idée, en Hollande qui est un pays où il y a quatre fois moins d’habitants qu’en France, il y a déjà trois groupes de chaînes de médecine esthétique.

Comment tu expliques ça ?

C’est d’abord lié au fait que la France est le seul pays en Europe et même dans le monde où la publicité est interdite. Les patients n’ont pas accès à l’information. Avec les réseaux sociaux, on a tous accès à la même information et la médecine esthétique s’est démocratisée.

Ensuite les mœurs ont évolué. En France, on avait beaucoup de préjugés. Mais aujourd’hui, un patient qui fait une injection ne le cache plus et partage sur les réseaux.

On a un marché qui s’ouvre et on veut être les premiers à créer un groupe de cliniques de médecine esthétique en France avec toujours le même concept : des plateaux techniques plein pied de 600 m², l’intégralité des traitements proposés à Paris, la même expertise, le même savoir- faire, la même satisfaction du patient.

On a commencé par Lille il y un an et demi. Malgré la Covid, malgré les gilets jaunes, malgré les grèves, on a dépassé de 30% le business plan initial que je m’étais fixé. On est super contents et il y a une grosse accélération avec une dizaine de villes de prévu avant fin 2021.

Et je vois Dubaï aussi !

Dubaï et New York ont été des projets qui se sont rajoutés. On est venu me chercher et je me suis associée localement avec des partenaires solides.

A Dubaï, on a eu l’opportunité de s’associer avec des gens sur place qui ont eu envie d’importer une vraie marque française et pas une franchise, d’avoir le savoir-faire des équipes, les technologies, le suivi, le management de la maison mère. Ça va ouvrir d’ici quelques semaines.

Vous avez fait une étude de marché sur la population locale pour Dubaï ? 

Oui j’ai fait une étude de marché assez complexe et surtout les laboratoires qui sont mes partenaires en France m’ont mis en collaboration avec leurs homologues sur place. Ils m’ont donné énormément de datas pour pouvoir connaître le marché, quelles sont les cliniques qui sont déjà implantées, comment ça se passe pour pouvoir identifier le marché actuel et apporter vraiment quelque chose de différent.

Notre concept est unique avec des plateaux techniques hyper-complets, les mêmes protocoles de soins, le dossier digital, le parcours patient, la même expérience patient, etc. Je travaille de façon intense depuis trois ans avec mes équipes pour être capable de délivrer le même niveau de résultat dans toutes nos cliniques. Et c’est ça qui va vraiment nous différencier à Dubaï par rapport à ce qui est déjà existant localement. On est hyper excité, c’est la découverte d’un nouveau monde en termes d’esthétique !

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